Le monde agricole subit une pression croissante liée aux crises climatiques et sanitaires qui se multiplient aujourd’hui. Les exploitations doivent concilier rendement, préservation des ressources et adaptation face aux aléas météorologiques.
Au Salon international de l’agriculture 2025, la recherche a présenté des pistes variées pour répondre à ces défis. Ces travaux montrent des priorités claires pour l’adaptation agricole et l’innovation.
A retenir :
- Agroécologie pour renforcer sols, biodiversité et services écosystémiques
- Sélection variétale résistante à la sécheresse et aux maladies fongiques
- Irrigation de précision pour économiser l’eau et stabiliser rendements
- Numérique et robotique pour réduire intrants et améliorer traçabilité
Agroécologie et pratiques résilientes face au climat
Face aux priorités identifiées, la recherche publique propose des pratiques agroécologiques éprouvées. Selon INRAE, l’agroécologie valorise les fonctions naturelles afin de diminuer la dépendance aux intrants chimiques.
Ces approches s’appuient sur la diversité des cultures et la gestion des sol vivants pour limiter l’érosion. Elles visent aussi la récupération des services écosystémiques en contexte de sécheresse.
Principaux leviers agroécologiques :
- Diversification des cultures et rotations longues
- Couverture permanente des sols et compostage local
- Agroforesterie intégrée aux parcelles cultivées
- Gestion biologique des ravageurs et auxiliaires
Approche
Atouts
Limites
Acteurs clés
Agroforesterie
Amélioration structure du sol et ombrage
Investissement initial et lente rentabilité
INRAE, Cirad, Florentaise
Couverture végétale
Réduction érosion, meilleure microbiologie
Gestion des coupes et semis nécessaire
Associations locales, Florentaise
Rotations diversifiées
Moins de bioagresseurs et sol restauré
Organisation logistique plus complexe
Coopératives, groupes techniques
Agriculture Biologique
Réduction intrants chimiques, valeur marché
Rendements variables selon filières
Label, InVivo, opérateurs locaux
Un exemple concret illustre ces leviers au quotidien sur de petites exploitations. Le projet Tazco 2 accompagne des paysans cotonniers vers des référentiels plus durables et socialement adaptés.
« J’ai diversifié mes parcelles et observé une réduction nette des attaques de ravageurs »
Paul M., agriculteur
Ces expériences montrent la complémentarité entre pratiques locales et savoir scientifique appliqué. L’enjeu reste d’accompagner les exploitants sur la durée avec des aides adaptées.
Irrigation intelligente et gestion de l’eau pour la résilience
Après l’agroécologie, l’eau devient un déterminant central pour protéger cultures et rendements. Selon INRAE, des essais en régions sensibles ont étudié les solutions d’irrigation ciblée et les pratiques de maraîchage sous abri.
Conserver l’eau et optimiser les apports réduit la vulnérabilité face aux épisodes de sécheresse. Les technologies d’irrigation de précision permettent une gestion fine des besoins hydriques des plantes.
Mesures d’économie d’eau :
- Irrigation localisée et micro-goutte à goutte
- Capteurs d’humidité des sols et programmation
- Stockage eau de pluie et bassins intercalaires
- Panneaux solaires pour pompages décarbonés
Opérateur
Type de solution
Usage fréquent
Points forts
Netafim
Micro-irrigation
Vignoble, maraîchage
Précision et modularité
Garreau Irrigation
Systèmes sur-mesure
Exploitations familiales
Adaptation locale
Irrigaronne
Gestion collective de réseaux
Agriculture de plaine
Coordination régionale
Solutions combinées
Capteurs + pilotage
Exploitation connectée
Réduction apport et optimisation
Une ferme en Pyrénées-Orientales a testé des scénarios d’irrigation ciblée pour maraîchage sous abri non chauffé. Selon INRAE, ce type d’essai aide à définir les doses et calendriers adaptés localement.
« Grâce à l’irrigation intelligente, j’ai diminué mes volumes d’eau tout en stabilisant mes rendements »
Claire R., maraîchère
Les technologies doivent cependant rester accessibles pour être adoptées massivement par les agriculteurs. Le passage à l’échelle nécessite des modèles économiques et un appui technique ciblé.
Variétés résistantes, biocontrôle et innovations variétales
En liaison avec l’eau et les pratiques, la sélection variétale apporte une défense essentielle contre le stress climatique et les bioagresseurs. Selon INRAE, trois nouvelles variétés de vignes résistantes au mildiou et à l’oïdium ont été inscrites au catalogue français en 2025.
La recherche combine sélection, biocontrôle et intelligence artificielle pour identifier des composés répulsifs ou attractifs pour les insectes. Ces approches réduisent le recours aux molécules chimiques et protègent la biodiversité.
Stratégies variétales :
- Sélection conventionnelle pour résistance accrue
- Utilisation d’agents de biocontrôle et odeurs
- Intégration en Agriculture Biologique où possible
- Partenariats publics-privés pour diffusion variétale
Approche
Avantages
Contraintes
Acteurs cités
Sélection variétale
Résistance accrue, moins de traitements
Temps et essais nécessaires
Vilmorin, Groupe Limagrain
Biocontrôle olfactif
Réduction usage pesticides
Complexité d’implémentation
Biobest, Agrauxine
Agriculture Biologique
Valeur ajoutée marché
Rendements variables
Certifieurs, Florentaise
Traçabilité numérique
Meilleure information consommateur
Coût de déploiement
InVivo, filières
Selon Cirad, la santé globale implique la conjonction plantes, animaux et écosystèmes pour limiter risques sanitaires. Cette logique de « une seule santé » guide de plus en plus de projets de recherche.
« L’agroécologie offre des leviers robustes pour l’adaptation des systèmes agricoles »
Thierry C.
L’IA et la robotique permettent d’accélérer l’identification de molécules actives via les récepteurs olfactifs des insectes. Selon France 2030, ces outils sont au cœur d’appels à projets pour soutenir les transitions agricoles.
« Une seule santé impose de penser plantes, animaux et humains ensemble »
Nadine Z.-R.
La diffusion des variétés résistantes requiert un travail de longue haleine entre recherche et filières semencières. L’enjeu est d’assurer l’accès, la traçabilité et l’adoption par les agriculteurs sur le terrain.
Source : INRAE, « Qui fait la recherche agronomique ? », INRAE ; Cirad, « Transitions agroécologiques – Enjeux et problématiques », Cirad ; Ministère, « Grand Défi Robotique Agricole France 2030 », Ministère.